Isabelle Hennebique, Directrice régionale dans le secteur de l'énergie s'est pliée à notre interview et nous raconte son parcours, ses aspirations professionnelles et personnelles. Un parcours exceptionnel dans un secteur largement dominé par les hommes.
28 Octobre 2014 | Romain Proton | 0 commentaire
Je viens de cesser mon activité professionnelle. J’étais directrice régionale de RTE (entreprise française, filiale d'EDF, qui gère le réseau public de transport d'électricité français de la métropole) en Nord Est, je dirigeais un établissement de 570 personnes avec un budget de fonctionnement de 50M€ et un budget d’investissement de 70M€.
La mission de l’établissement était d’assurer l’exploitation, la maintenance et le développement des installations à haute et très haute tension (postes de transformations et lignes électriques) sur les territoires du Nord-Pas de Calais, Picardie et Champagne Ardennes.
Je suis Ingénieure diplômée de l’Ecole Supérieure d’Electricité (SUPELEC). J’ai exercé 35 ans dans le domaine du Transport d’électricité à EDF puis à RTE après sa création en 2000.
Pendant environ 10 ans, j’ai consacré ma carrière à la technique dans les services de recherche puis dans les services d’ingénierie. Je réalisais des études techniques
Puis j’ai vécu 13 années de transition pendant lesquelles j’ai occupé des postes variés qui m’ont permis de compléter ma formation technique avec une première expérience de management d’un centre de maintenance de 80 salariés, puis la direction des achats pour le réseau de transport (environ 650M€ d’achats de matériels, travaux et services) et un poste de conseiller auprès de la direction de l’entreprise où je pilotais entre autres, des dossiers de réorganisation pour le compte de la direction.
Puis pendant 12 ans, j’ai pris la direction d’entités d’abord comme directrice du centre d’expertise de RTE (établissement de 450 salariés, essentiellement ingénieurs et techniciens supérieurs dont la mission était de développer les outils et méthodes pour la maintenance et le développement du réseau électrique) avant de prendre la direction régionale en Nord Est.
Je ne fais pas de différences entre les valeurs professionnelles et personnelles. Les valeurs, c’est ce que l’on a en soi !
Travail d’équipe : parce que l’on ne réussit jamais seule, j’ai eu à cœur de favoriser le travail d’équipe et c’est quelque fois difficile en particulier lorsque le temps s’accélère mais il faut prendre le temps de partager avec ses collaborateurs pour identifier les difficultés, les incompréhensions et les freins et construire des projets qui seront partagés par tous. Le temps perdu en amont se regagne ensuite.
Respect des autres : parce que l’on n'obtient rien sans respecter chacun pour le travail qu’il accomplit, la solidité d’une chaîne et celle du maillon le plus faible. Exemplarité : parce que le « faîtes ce que je dis et pas ce que je fais » ne fonctionne pas, ni dans l’entreprise ni avec ses enfants ! Honnêteté : parce que je ne supporte ni la mauvaise foi, ni le mensonge.
Je travaillais environ 60 heures par semaine et j’avais des déplacements et j’ai assuré des astreintes. Je me suis presque toujours interdit de travailler le week-end (sauf crise bien sûr) et j’ai toujours pris toutes mes vacances.
Mon mari a beaucoup assumé la présence à la maison et c’est lui qui a adapté son parcours pour cela (nous avons deux enfants). Nous avons toujours employé un salarié à domicile pour les taches ménagères et ainsi nous réserver pour les enfants mais aussi nous réserver du temps pour nous. J’ai toujours pratiquédeux heures de sport par semaine, habité près de mon lieu de travail pour éviter temps de transport et pouvoir marcher chaque jour (ce qui a impliqué plusieurs déménagements)
Enfant je voulais être inventeur et à 7 ans j’aurai aimé inventer la télévision, ensuite vers 10 ans je rêvais de construire des ponts ! Je suis finalement devenue électricienne ! Mais depuis toujours, j’ai été attirée par les sciences et la technique.
J’étais parti à un congrès international en Suède avec mon patron, c’était tout au début de ma carrière, je devais présenter un papier à ce congrès où il n’y avait que des hommes. Lors d’un cocktail, un anglais vient interroger mon patron sur le contenu de mes travaux et mon patron me présente comme l’auteur des travaux et m’invite à répondre. Ce monsieur très spontanément et avec un regard entendu lui rétorque : « Ah bon, cette demoiselle (je devais avoir 25 ans) a écrit ce papier, je croyais que c’était ta secrétaire ! » A l’époque, j’en ai beaucoup ri, surtout de l’air très embarrassé de mon patron. Mais 30 ans plus tard, cela me navre et le mot est faible. Pendant toutes les conférences, mon mari qui m’avait accompagné a suivi le « programme des dames » et a fait sensation !
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