Doctorante à l’INP Toulouse, lauréate du prix Amelia Earhart de la fondation Zonta International, Pauline Audigié revient avec nous sur sa formation, son parcours, sa vie professionnelle et personnelle en tant que femme ingénieure.
28 Octobre 2014 | Romain Proton | 0 commentaire
J’ai obtenu un Bac S option SVT mention assez bien. Après m’être renseignée sur les forums et avoir été influencée par certaines rencontres (notamment des ingénieurs), je me suis rendue compte que les activités inhérentes au domaine de la chimie étaient en cohérence avec mes envies.
Je ne pensais pas avoir le niveau pour intégrer une classe préparatoire CPGE ni le CPP de l’INP (Cycle Préparatoire Polytechnique, actuellement la Prépa de l’Institut National Polytechnique INP). Et il s’est avéré que si ! J’ai en effet obtenu ce concours suite à un examen écrit et un entretien oral. J’ai donc réalisé deux années de classe prépa intégrée.
Je suis ensuite entrée à l’ENSIACET (Ecole Nationale Supérieure des Ingénieurs en Arts Chimiques et Technologiques) à Toulouse où j’ai intégré le département matériaux. En dernière année (bac+5), j’ai suivi l’option durabilité des matériaux et des structures. J’ai aussi obtenu un master Recherche Sciences des Matériaux, Nanomatériaux, Multimatériaux avec une mention bien.
C’est suite à mon stage de fin d’études à l’ENSIACET, effectué dans une entreprise de métallurgie, donc liée aux enjeux de production, que j’ai décidé de faire une thèse. Je suis ainsi aujourd’hui Doctorante du laboratoire CIRIMAT de l’ENSIACET sous la direction de Daniel Monceau et Aurélie Rouaix-Vande Put. Je termine ma thèse au printemps 2015.
Je mène des recherches sur l'oxydation et l’interdiffusion à haute température dans les systèmes barrière thermique pour le domaine aéronautique (moteurs d'avion). Cette thèse fait l’objet d’une collaboration entre la société SNECMA (Groupe SAFRAN), motoriste aéronatique et spatial et le CIRIMAT INPT-UPS-CNRS. Voici mon sujet de recherche : "Modélisation de l’interdiffusion et du comportement en oxydation cyclique de superalliage à base de nickel revêtu d’une sous-couche γ-γ’ riche en Pt. Application au système barrière thermique".
J’ai obtenu, en octobre 2014, le prix Amelia EARHART qui récompense les femmes poursuivant des études supérieures en PhD ou doctorats dans des domaines généralement dominés par les hommes : l’aéronautique et le spatial, les sciences reliées et l’ingénierie. Pour l’anecdote, le prix tient son nom d’Amelia Earhart une femme qui a marqué l'aviation en devenant la première femme à traverser l'Atlantique en avion en 1928. Je remercie notamment la fondation Zonta International et ses correspondantes pour le soutien qu’elles m’ont apporté depuis le début de ma candidature.
J’envisage de faire un post-doctorat à l’étranger, pour m’ouvrir à d’autres thèmes et cultures, avoir un regard international. J’ai réalisé trois mois de stage durant mon école d’ingénieurs en Grèce dans un laboratoire de matériaux et de métallurgie. Cet été, je suis partie deux mois au Japon à Tsukuba (45 min de Tokyo) dans un centre de recherche destiné aux matériaux (NIMS pour National Institute for Materials Science) . Cela a accentué mon envie de voyager et de travailler à l’étranger afin de m’imprégner des visions des autres cultures.
Comme projet professionnel je n’ai rien de bien défini, mais je veux garder ce côté technique et être proche des problématiques de l’industrie. Je suis également sensible à l’enseignement, j’aime partager mes connaissances.
Je mets en avant le courage et l’audace. C’est essentiel de se donner les moyens, de ne pas baisser les bras et de ne pas avoir peur de se lancer. L’humilité, la fidélité et l’altruisme sont également des valeurs clés à mes yeux. Enfin, il est important pour moi de faire preuve de courage, de rigueur et de manifester un esprit d’analyse et un esprit critique. La curiosité est une composante clé de réussite dans le domaine de la recherche et de l’ingénierie.
Je n’ai pas horaires fixes, j’arrive et je pars quand je veux. Mes journées commencent à 8h30 et se terminent au plus tard le soir à 20h. Cela dépend des semaines.
La partie expérimentale est très développée, je réalise beaucoup d‘expériences au sein du laboratoire. Ces résultats sont essentiels pour la partie modélisation numérique que je dois également mener. Je discute avec mes collègues, nous confrontons les résultats. J’ai assisté à de nombreuses conférences en France ou à l’international, au Japon, aux États-Unis et en Turquie notamment.
J’ai actuellement un très bon équilibre de vie. Je suis en couple et vis à Toulouse. Je pratique du sport, de la course à pied une à deux fois par semaine ainsi que du squash avec mon conjoint. Mon conjoint et moi nous connaissons depuis le début de mes études supérieures. Il savait donc dès le début que certaines de mes soirées seraient consacrées à mon travail.
La thèse est une période assez difficile, il m’arrive de rentrer tard et ne pas toujours être présente. Mais lorsque nous aurons construit une vie de famille, je relativiserai et m’arrangerai au mieux. Je ne suis pas inquiète !
Archéologue
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"Les chercheurs auront toujours du travail, car ils passent leur temps à chercher mais ne trouvent jamais !"
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