Par steph6987
Mise à jour le 17-02-2015
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Ce cours traite de l'interprétation de la guerre juste selon les courants de pensée, les religions. retrouvez également la partie 1 sur la guerre juste
Plan du document :
I. La guerre juste chez Platon et Aristote
II. La guerre juste selon Cicéron
III. La guerre juste selon la chrétienté
IV. La guerre juste selon saint Augustin
V. Guerre juste et christianisme médiéval
VI. La guerre juste selon saint Thomas d’Aquin
VII. La guerre juste selon Vitoria
VIII. La guerre juste selon Grotius
L'idée selon laquelle la guerre doit être justifiée moralement relève de la tradition de la juste guerre qui s'est forgée en Europe au cours du Moyen Âge, mais qui puise se sorigines dans l'Antiquité romaine.
La philosophie grecque, avec ses philosophes puionniers Platon et Aristote, en a posé des prémisses.
Platon appelait les Grecs à la modération au cours de leurs luttes fratricides, et les quelques principes qu'il formule à cet égard annoncent le développement ultérieur de la notion de guerre juste. Il en limite cependant le champ d'application aux rapports entre les cités : les Barbares étant par nature ennemis des Grecs, la guerre menée contre eux se veut naturelle et n'appelle aucune modération particulière. Disons que Platon recommande une manière de faire la guerre qui vise surtout à épargner la population.
Aristote fut le premier à employer l'expression de "guerre juste même si de nombreuses réflexions consacrées à la juste manière de déclarer la guerre et de la mener, se trouvent, comme on vient de le voir, chez Platon. Aristote admet les mêmes principes, mais pour lui le juste et l'injustice n'exitent qu'entre ceux dont les relations mutuelles sont sanctionnées par la loi, de sorte qu'Aristote refuse au Barbare le secours du droit. Le droit naturel permet simplement de chasser le Barbare et de le réduire en esclavage. L'art de la guerre est, en un sens, un mode naturel d'acquisition, au même titre que l'art de la chasse (Voir Politique, l, 8). En revanche, la guerre opposant les Grecs entre eux doit être encadrée par des règles strictes et doit avant tout avoir la paix comme fin. Il s'agit d'éviter soi-même de devenir esclave des autres. Et cela requiert de vaincre.
« La guerre contre les hommes qui, destinés par nature à l’obéissance, refusent de s’y plier, est naturellement juste »
C'est surtout à Rome, trois siècles plus tard que s'est forgée la théorie de la guerre juste. Cicéron fut le premier à vraiment y réfléchir dans son livre Des devoirs. On y retrouve, à quelques nuances près, les principes de ce qu'on présentera bien plus tard comme la théorie chrétienne de la guerre juste. Les idées anciennes l'influencent suffisamment pour qu'il récuse les idées grecques sur les Barbares.
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La conception de la guerre juste est communément rattaché à la tradition chrétienne. L'un des apports les plus remarquables du christianisme de la fin de l'Antiquité est d'avoir, pour la première fois dans l'histoire humaine, clairement mis au centre de sa réflexion la question de la moralité intrasèque de la violence et de laguerre. Les penseurs de l'Antiquité savianet assurément que la guerre entraîne maux et souffrances. Mais l'idée que la guerre est aussi en elle-même un mal vient de la pensée judéo-chrétienne.
L'interrogation inquiète sur la moralité de la violence se trouve dans la Bible. Losque l'Exode ordonne de rendre « œil pour œil », une telle formule peut sembler légitimer la violence ; en réalité, la violence n'est légitimée que si elle est soumuis à une règle stricte de limitation par obligation de compensation. L'idée est d'interdire l'amplification de la violence et la vengeance sans fin : il ne faut pas rendre plus qu'un oeil pour un oeil. L'Evangile va plus loin dans la limitation de la violence et recommande de tendre l'autre joue, l’Épître aux Romains de ne jamais rendre un mal pour un mal et de ne pas chercher à se venger. Faut-il comprendre que toute violence doit être bannie, comme certains passages de l’Évangile semblent l’indiquer ? Ou bien qu’il est possible de moraliser la violence, en la limitant, en la contraignant, ou en l’orientant ? La réflexion chrétienne sur la violence légitime trouve son origine dans ces questions.
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Jusqu'au XVIIème siècle, on ne trouve guère de réflexion de l'ampleur de celle d'Augustin sur la possibilité d'une conception de la guerre capable de la doter d'une signification morale.
Au début du VIIème siècle, Isidore de Séville publie une compilation des écrits consacrés à la guerre juste.
Près de questre siècmes plus tard, en 989, parut un recueil encore plus complet qui s'attacha à désigner précisément les catégories des populations que la guerre doit épargner. Celle-ci fut suivi en 1027 de La trêve de Dieu qui limita la guerre à certains jours et certaines saisons.
Au Concile de Latran qui se tint en 1139, on mentionna des restrictions sur les armes qui pouvaient être utilisées à la guerre.
Tous ces écrits inspirèrent la somme publiée en 1140 par Gratian de Bologne, moins bénédictin, Concodia discordiantium canonum.
A partir de là, la guerre juste ne fut plus seulement une partie de la théologie. Elle devient une théorie dotée d’une jurisprudence
Au XIIème siècle, la réflexion de saint Thomas sur la guerre juste associa de façon définitive la conception antique de la guerre juste à la réflexion chrétienne sur la violence. Plus précisément, elle enracina l’idée augustinienne d’une moralité possible de la violence dans une conception de la morale, reprise d’Aristote, laquelle rattachait étroitement le bien au respect de la raison naturelle et des inclinations humaines fondamentales.
Pkusieurs idées augustiennes sont reprises par saint Thomas :
• les communautés humaines ont pour fin de réaliser la justice et l'ordre.
• il y a devoir moral à protéger les biens politiques.
• la bonté des intentions s'apprécie en raison de la bonté des biens visés, par exemple la sauvegarde de la paix, la volonté d'éviter le mal.
Mais Thomas d'Aquin s'efforce surtout de rationaliser la notion augustienne d'intention bonne en la rattachant à la loi naturelle, source première de moralité. Il définit ainsi les critères objectifs qui valident et limitent la pure affirmation de la volonté de souverain. De là vient la première énumération des motifs susceptibles de donner une légitimité à l'intention de faire la guerre : se défendre, venger des torts ou des prises injustes, porter secours.
Dans ce contexte, Thomas d’Aquin a donné une rigoureuse discussion de la justesse de la cause, en enserrant l’intention bonne dans des critères précis relatifs aux raisons, circonstances et procédures de la guerre. C’est seulement si un délai de 33 jours est respecté entre le moment où la guerre est déclarée et celui où elle est commencée, si des dédommagements ont été dûment exigés, si la guerre est considérée comme le dernier recours, que la rectitude de l’intention peut être confirmée.$
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Vitoria a écrit deux ouvrages, le De indis et le De jure belli.
Dans le De Indis, Vitoria traita des règles morales à appliquer aux Indiens, qui ne sont soumis ni à la loi espagnole, ni à la loi chrétienne. Comment définir les limites morales de la violence requise pour traiter un peuple vaincu et non chrétien ? Vitoria critiqua d’emblée les arguments qui justifient qu’on s’empare des terres des Indiens, au nom de leur bien prétendu ou de leur évangélisation. Il souligna avec force que les Indiens exerçaient un véritable dominium sur leur territoire. Plus fondamentalement, Vitoria voulut faire dépendre le traitement des Indiens des préceptes de loi naturelle, laquelle s’applique à l’ensemble du genre humain.
À la suite de la brèche ouverte par saint Thomas, Vitoria formula dans le De jure belli des critères objectifs pour apprécier la légitimé de la guerre. Il posa pour la première fois la question de l’ambiguïté morale de la guerre. Dès que ce n’est plus l’intention divine qui décrète la justesse de la guerre, dès que celle-ci s’apprécie en fonction de raisons humaines, on peut parfaitement concevoir que des prétentions de légitimité concurrentes se trouvent dans des camps opposés. Une guerre peut être juste du point de vue des deux adversaires, chaque souverain se représentant les raisons de son action comme légitimes. L’idée d’une cause juste est-elle dans ce cas défendable ?
Mais il a en même temps souligné que de nouvelles informations peuvent subitement transformer une décision juste de faire la guerre en une décision injuste. Le fait d’admettre qu’une guerre peut être juste des deux côtés aura ultérieurement une considérable importance dans la mesure où elle permet la reconnaissance d’une forme de précarité morale installée au cœur même de l’idée juste.
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Grotius nous conduit à l'étape définitive d'élaboration de l'idée de guerre juste. En même temps que le système westphalien se met en place au début du XVIIème siècle, les guerres changent de nature. Le principe de souveraineté consacre pour chaque pour chaque Etat souverain le droit absolu et exclusif de faire la guerre sans que celui-ci doive rendre des comptes à l'Eglise.
La guerre comme mal révocable. Aux yeux de Grotius, la guerre n'est pas seulement le produit naturel des liens entre nations, mais un mal qui devrait être supprimé ou du moins limité, de même que les critères qui la justifient.
Reformulation juridique et non plus religieuse de la guerre juste. Un apport notable de Grotius est d'avoir reformulé en termes juridiques les critères de la guerre juste, qui n'avaient été conçus jusqu'alors que dans une perspective exclusivement religieuse et morale.
Grotius demande ainsi l'établissement d'une puissance tierce, observateur impartial et arbitre entre les belligérants, qui juge la légitimité de faire la guerre. Il souhaite la mise en oeuvre de sanctions capables de rendre efficaces les recommandations. Il réclame que les causes de la guerre soient rendues publiques. Garanties juridiques et raisons morales sont étroitement liées dans la pensée de Grotius sur la guerre juste. D'où le caractère disparate des ressources morales sur lesquelles il veut fonder le droit de la guerre : la raison, la coutume, l'autorité la conscience, la codamnation publique.
La guerre, conflit exclusivement inter-étatique. Grotius imprime une marque définitive aux réflexions sur la guerre en restreignant considérablement la définition. La guerre est une relation entre les Etats et non entre individus, qu'ils soient souverains ou sujets.
Les conséquences de cette définition nouvelle, qui détache la décision de faire la guerre du domaine de la conscience individuelle pour l'installer dans une autorité politique abstraite, sont colossales pour la morale de la guerre. Elles se traduisent par le rejet du critère de l'intention droite (principal critère retenu de la tradition de pensée augustienne) pour apprécier la légitimité de la guerre.
En particulier, l'orientation de la volonté du souverain, le lien au divin, ne définissent pas la justice de la guerre. Le fait que Grotius ne retienne que des critères objectifs et publics pour apprécier la légitimitéd de faire la guerre est également une conséquence de cette réorientation dans l'analyse.
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