Par steph6987
Mise à jour le 12-02-2015
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Cette troisième partie traite du cadre juridique de la guerre et des différentes formes de guerre.
Retrouvez également les deux premières parties : partie 1 partie 2
Plan du document :
Chapitre 9 : La guerre fondatrice du droit
Chapitre 10 : La guerre légitime
Chapitre 11 : La guerre loyale
Il n’y a pas d’opposition irréductible de la guerre et du droit. Il faut aller contre l’opinion répandue selon laquelle guerre et droit seraient contraire, selon laquelle le droit serait ce qui rend la guerre impossible, ce qui pacifie. Cf. Socrate / Calliclès… Les grandes définitions classiques de la guerre retiennent le droit comme essentiel à leur définition : poursuivre son droit par la force, le droit à la guerre, manière licite pour un État de défendre son droit. La guerre est force et violence traversées par le droit. 3 formes de guerre :
• la guerre fondatrice : elle instaure la paix et le droit comme suprématie consacrée
• la guerre loyale : le combat qui respecte un certain nombre de règles dans son déroulement, combat réglé
• la guerre légitime : la guerre ne tient son sens alors que comme réponse à une injustice qu'elle entend redresser. Il s'agit d'un combat pour rétablir des valeurs.
A ces 3 formes de guerre correspondent trois dimensions du droit :
• le droit comme capacité d’action, puissance d’affirmation, avoir le droit c’est pouvoir. Il ne s’agit pas de sanctifier la loi du plus fort, seulement de reconnaître que le droit est pensable comme l’accompagnement spirituel de la force, ce qui s’en dégage, son aura. “Le droit de chacun s’étend aussi loin que s’étend sa puissance déterminée” (Traité théologico-politique, chapitre XVI). Le droit c’est la traînée de lumière de la force. Tout droit est droit d’un rapport de forces donnés.
• le droit comme norme, comme règle du jeu
• le droit demeure tendu tout entier par la valeur de justice. Le droit comme égalité et dignité universelle des hommes.
→ 3 formes de guerre juste au sens où le droit s'y manifeste.
→ Il y a deux sens à donner à cette manière de nouer la guerre sur le droit :
• justification extérieure de la guerre
• rapport intérieur : comme s'il fallait, sur fond de violences perpétuelles, produire, par la guerre, l'exception de la paix.
Il s’agit de revenir sur l’idée monstrueuse selon laquelle la force fait droit.
La force comme affirmation. La force n’est plus contraire au droit dès qu’on la pense comme puissance d’affirmation. Le droit fait valoir au creux de l’existence la qualité affirmative de la force. Au cœur de chaque existence il y a une affirmation à faire valoir et à reconnaître qui est son droit à exister.
Il faut remplacer la force par la guerre et le droit par l’État. Page 3 sur 13 Dans les trois dimensions temporelles de l’origine, de l’actualité et du devenir on peut penser que la guerre a soutenu, soutient et soutiendra son droit.
La guerre fondatrice d’un droit étatique c’est l’idée que tout système de droit repose à l’origine sur un coup de force. Ainsi ce que dit Carl Schmitt : “le droit est terrien et se rapporte à la terre” (Le nomos de la terre). Le droit c’est toujours celui qu’un peuple, un clan à l’origine a pris sur un autre, d’abord en occupant ses terres, en brûlant ses villages, en massacrant ses enfants. La guerre comme pure origine.
Dans Il faut défendre la société, Foucault présente le droit comme la vue en coupe d’une situation de guerre, le théâtre d’une lutte continue. C’est toujours le droit d’un peuple contre un autre, d’une race contre une autre, d’une classe contre une autre. L’ancien perdant n’a jamais capitulé et prépare sa revanche. La concorde civile est alors un écran de fumée, l’universalité de la loi un leurre et le bien commun un mensonge.
Idée prophétique que de la dernière guerre surgira de manière définitive le droit universel et authentique. Le droit finit par triompher toujours parce qu’il est droit. Principe messianique de l’histoire qui donnera lieu à de grandes eschatologies, notamment communistes : “Quand vous aurez déchaîné des forces que vous ne pourrez plus maîtriser, et quel que soit le cours des évènements : la fin de la tragédie verra votre ruine et la victoire du prolétariat sera inévitable” (Engels). Le vrai droit triomphe à la fin, accouchant de la plus terrible des guerres.
Une image s’impose pour penser le rapport du droit et de la guerre : le tribunal. Pourquoi ? 3 principes :
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Doctrine constituée par les théologiens et les canonistes catholiques.
Conscience aiguë du caractère intolérable de la guerre, la guerre de juste cause suppose la lumière du scandale. Il faudra des conditions exceptionnelles pour justifier la guerre, que par ailleurs on a en horreur. C’est parce que la guerre est un mal qu’elle doit prouver sa légitimité. “Aimez vos ennemis” (parole du Christ dans saint Matthieu). Mais c’est là un appel à se réconcilier avec l’ennemi personnel, l’inimicus et non pas l’hostis, plutôt qu’une déclaration pacifique inconditionnelle.
Pas de rage ivre mais une sévérité charitable. Si la guerre n’est jamais permise, ce sera sous l’urgence de la nécessité. Le chrétien fait la guerre contraint et forcé et pour le bien de son ennemi. D’où la condamnation chrétienne des guerres antiques : les païens faisaient la guerre par désir, par goût. Le vrai sage ne fait la guerre que contraint. La guerre sera juste si elle est l’ultime recours, et si elle n’est entreprise que pour des fautes lourdes.
Ce qui rend la guerre nécessaire c’est la justice et la paix.
Seule une injustice peut constituer une juste cause de la guerre.
L’affirmation de la justice prend trois visages :
• la défense : dans la guerre défensive il s’agit de repousser la force par la force.
• le recouvrement : la guerre comme moyen de récupérer un droit, comme exercice d’une justice commutative. Toutefois, c’est un cas limite car bien souvent la justice commutative se meut en justice vindicative
• la punition : en agressant, la guerre se fait règlement judiciaire, elle punit.
Il ne suffit pas de réparer une injustice, mais d’en prévenir la répétition. À un second niveau, la punition se fait expiation, expiation du tort des fauteurs de troubles, des coupables. Les souffrances de la guerre visent alors délibérément à faire mal. On en vient alors au risque que Schmitt dénonce pour toute guerre juste et punitive : celui d’un manichéisme radical bons / méchants. Il construit une dissymétrie définitive entre lui et l’ennemi, une infériorité morale irréductible de l’ennemi. Cette absence d’égalité entre les deux vaut comme déséquilibre des droits, l’ennemi n’ayant alors le droit que d’être maltraité. La guerre d’anéantissement n’est plus loin. Il n’y a plus de limites à la négation de l’ennemi dès qu’on le réduit au statut de criminel.
Cependant, dans le providentialisme chrétien, par la guerre on est surtout rappelé à sa condition de pécheur : il en saurait y avoir de guerre juste des deux côtés, car il ne saurait y avoir deux innocents, donc deux justices. Le danger étant de justifier toute guerre et ses horreurs du point de vue de Dieu.
Cependant, la guerre peut être juste des deux côtés si l’on fait part à la distinction justice subjective / justice objective. Une guerre est juste subjectivement des deux côtés si le coupable attaqué est de bonne foi, s’il croit sincèrement que ce qu’il fait est juste… dans ce cas là la culpabilité n’existera que métaphysiquement, donc objectivement. L’ennemi ne sera pas coupable au sens où il est de totale bonne foi, mais sera coupable dans le sens où il atteint une culpabilité fixée par la doctrine du péché. Cette distinction est très présente chez Saint-Augustin. Cette extension de la culpabilité conduit ainsi à une perte de son intensité. Par conséquent, un principe de modération demeure essentiel dans la guerre juste. On en vient alors au concept de Saint Thomas : l’intention droite. L’intention droite c’est l’absence de haine, de rage furieuse, de cupidité et d’esprit de vengeance.
La guerre juste n’est guerre qu’en vue du rétablissement de la justice et de la paix. On pourrait en ce point dépasser l’idée d’une guerre mesurée, car si le système défense / réparation / punition impose une proportion dans le traitement infligé à l’ennemi, l’obsession de la paix dépasse la dimension punitive de la guerre, et est alors propre à faire exploser toute considération de mesure.
Trois promesses de paix débordent l’exigence de modération inhérente à la guerre juste :
• la paix garantie pour l’avenir : pour assurer cette paix, l’incertitude est forte à déterminer la quantité de destructions ou de maux à infliger à l’ennemi.
• la paix mondiale : l’injustice, où qu’elle est lieu, menace la paix du monde entier et fonde tout État à intervenir pour la faire cesser, même s’il n’est pas lui-même victime de cette injustice. C’est le droit d’intervention.
• la paix meilleure : “Les brigands vivent en paix entre eux, et les loups se rassemblent chaque fois qu’ils sentent l’odeur du sang.. […] Ne croyez donc pas que la paix soit bonne partout et toujours.” (Saint Isidore de Péluse). On rejoint ici la distinction augustinienne entre pax perversa et pas ordinata : la guerre est alors moyen de dépasser la pax perverta et de produire une paix plus conforme à la Création, la pax ordinata. On peut donc faire la guerre seulement pour aboutir à une paix meilleure. Et cette idée que la paix d’aujourd’hui n’est pas une bonne paix est dangereuse en ce qu’elle peut justifier indéfiniment de nouvelles guerres.
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Le critère de la guerre c’est cette forme pure de deux armées engageant des forces représentant des entités politiques identifiables, en contact lors de batailles décisives, avec un principe de clôture : victoire ou défaite. La guerre n’est plus trop possible étant donné que les grandes puissances possèdent l’arme nucléaire.
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