Fiche Français : analyse Le Feu Henri Barbusse partie 1

Fiche Français : analyse Le Feu Henri Barbusse partie 1

Fiche Français : analyse Le Feu Henri Barbusse partie 1
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steph6987

Par steph6987

Mise à jour le 18-02-2015

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Cette fiche d'analyse du Feu, de Barbusse détaille les personnages de l'oeuvre ainsi que la position de Barbusse par rapport à la guerre.

 

 

 > Retrouvez également la suite de cette analyse dans la partie 2.

 

Plan du document :

 

I. Les personnages du FEU

1. L'escouade, un groupe d'hommes

2. Vers l’homme primitif

3. Le travail de l’onomastique

4. Personnages comiques

5. Personnages tragiques

6. Paradis, un héros à part

7. Les femmes

8. Eudoxie

9. Les autres femmes

10. Les gens de l'arrière, un second pays

 

II.La guerre de FEU

 

1. Barbusse, anti-militariste ?

2. Le cycle infernal de la guerre

3. La guerre, c'est-à-dire nulle part

4. Un temps absolu

5. L'envers de la création du monde : le retour au chaos

6. L'apocalypse

 

 

 

I. Les personnages du FEU

 

Le roman de guerre est avant tout une affaire d'hommes, il est donc logique que dans Le feu de Barbusse, ces derniers se retrouvent au premier plan. Néanmoins les femmes sont présentes, même si ce n'est qu'en arrière plan, objets de désir et de souvenirs. Un autre héros, collectif, surgit aussi, omniprésent : l'armée.

 

1. L'escouade, un groupe d'hommes

 

Dans le roman, l'escouade est composée de 17 hommes. Elle est présentée comme un ensemble de soldats venus d'horizons différents : ceux du Nord, ceux d'Auvergne, du Poitou, de Brie, Paris, Lyon. L'escouade se renouvelle fréquemment, à cause des morts et des blessés.

Le début du roman insiste sur l'esprit collectif de l'escouade, véritable tout : « on s'est, un à un, groupés », même si les hommes sont de tout âge et de toutes conditions. Lamuse, Paradis, Cadilhac, le père Blaire, appartiennent au monde paysan. Mesnil André et son frère Joseph, Barque, Cocon, sont de petits commerçants ; Tilacque, Eudore, sont ce qu'on appellerait aujourd'hui des propriétaires de bar. Becuwe Adophle et Poterloo sont des mineurs, Tirloir est artiste peinte. Fouillade a quarante ans, Marthereau est le plus âgé et Biquet le plus jeune, et le sergent Vigile est presque un enfant. Tirette se fait remarquer par son accent de titi parisien. Le narrateur, quant à lui, efface son appartenance professionnelle et régionale, mais revendique son appartenance au groupe de l'escouade en usant du “nous” communautaire. Malgré tout ce qui les sépare, la guerre et la tranchée ont réunis les soldats : « l'étroitesse terrible de la vie commune nous serre, nous adapte, nous efface les uns dans les autres ».

 

2. Vers l'homme primitif 

 

C'est presque comme si l'exposition de toutes ces différences mettait au jour un homme originel, antérieur aux conventions. La promiscuité, l'exposition au même danger Page 3 sur 10 ont en effet donné aux soldats « le même caractère simplifié d'hommes revenus à l'état primitif ».

La question de la dégradation de l'homme réduit aux instincts animaux se pose, notamment de par l'agressivité qui se développe chez les soldats : « c'est ici qu'on devient pareil à des bêtes, à force de leur ressembler ? » demande Paradis. De même nous pouvons lire dans le dernier chapitre : « Tout de même, que sommes-nous depuis deux ans ? De pauvres malheureux, des sauvages, des brutes, des bandits, des salauds ». L'animalité est très présente. Alors qu'au départ les soldats se comparent à « espèces d’ours qui pataugent et grognent », le local où ils vont habiter est un « chenil ». Le chapitre 11, intitulé "Le chien", établit lui aussi un point de comparaison entre les bêtes et les hommes : « l'animal est attaché toute la journée, il a froid, il a mal, il est abandonné » comme le sont les soldats. La guerre fait des hommes des êtres incivilisés au plus proche de l’animalité la plus décadente qui soit.

 

3. Le travail de l'onomastique

 

Le chapitre 2 énumère et présente chacun des membres de l'escouade, qui, parce qu'ils ont un nom, ont un destin particulier et une existence propre, au-delà de la masse d'hommes anonymes qu'ils représentent en tant que soldats.

La plupart des dénominations relèvent du surnom, évocateur. Cocon a un nom qui reflète sa fragilité, quand Farfadet représente le physique même de celui qu'il dénomme, « fin, flexible et frissonnant comme un lilas ». Volpatte est qualifié quant à lui de semibrigand, quand Tirloir et Fouillade suggèrent des pratiques de chasse ou de pêche. Tirette, en rapport au vin que l'on boit, Biquet, Pépin... Certains noms relèvent de l'argot (Blaire, le nez) quand d'autres sont tirés de vocables antiques : Eudore, Eudoxie, Euterpe, Palmyre. Ironique, le nom de Lamuse, « l'homme bœuf », employé à contre emploi. Pigeon, Guenon, Cornet, Bigornot, Canard, La Mollette. Certains échappent à ce type d'onomastique, Tulacque, le grand Barque. D'autres sont des patronymes : Cadlihac, Poterloo, Mesnil André et Joseph, Becuwe Adophe, etc.

On notera que dans le chapitre “La corvée”, l'auteur ne fait plus mention des noms, tous les hommes étant désormais massés et confondus dans un “on” anonyme.

 

4. Personnages comiques

 

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5. Personnages tragiques 

 

Le destin de certains personnages s'avère profondément tragique. Chapitre 11, “Le chien”, scène apparemment comique : la gesticulation dénuée de sens et épique de Fouillade, mais qui traduit en réalité un profond désespoir face à l'insupportable cantonnement, qui l'amène à s'assimiler à un chien. Autre trait tragique : l'immense nostalgie qui habite les soldats, dont la vraie vie semble réduite à de simples souvenirs d'un temps lointain.

Poterloo et Ramure incarnent quant à eux l'arbitraire de la guerre. Poterloo est triplement tragique, dans le chapitre “Le Portique”, il doit d'abord faire face à l'anéantissement de son lieu de vie, rayé de la carte, village devenu une morgue à ciel ouvert. Ensuite, il découvre la fin de la mort, en épiant sa femme, heureuse près de soldats allemands. Enfin, la guerre finit par tuer Poterloo, alors qu'il revenait de son village, « devenu comme s'il n'était pas ». Fauché par une explosion, il part, « une flamme à la place de la tête »

Ramure, lui, représente la mort obscure et consentie : blessé, immobilisé, il attend en vain d'être évacué, et prend les traits du héros tragique de par sa grandeur face à la mort.

 

 

6. Paradis, un héro à part 

 

Paradis est à part, parce qu'il se caractérise par sa pérennité. Il est le premier à apparaître dans le roman, et il est aussi celui qui clôture le roman. Le seul qui traverse le roman, sans mourir. Il semble incarner la force, de par sa grandeur et sa largeur. Mais aussi un grand sens de l'humanité. Il révèle ce dernier dans le chapitre 16, où en se jetant au secours de la femme qui cire des chaussures de jeune fille, il se transforme presque en héros chevaleresque, bouleversé qu'il est par la bottine, allégorie de la féminité. Sa générosité apparaît dans le chapitre 20, “Le feu”, où il décide de taire la mort de Mesnil André pour protéger son jeune frère Joseph. Dans les deux derniers chapitres, Paradis accorde l'asile aux soldats allemands en déroute. Et c'est lui qui émet des constats critiques et pacifistes, et qui ouvre le dialogue des anonymes : « quand on parle de toute la guerre, c'est comme si on n'disait rien. Ca étouffe les paroles. On est là, à r'garder ça, comme des espèces d'aveugles. »

 

 

7. Les femmes

 

Les femmes sont à l'arrière, derrière l'action des tranchées. Présentes mais absentes, elles apparaissent comme étant presque inaccessibles. Les femmes sont scindées en deux groupes : les laides, repoussantes, grossières, vieilles... et les belles, pures et désirables.

 

 

8. Eudoxie

 

Présente dans quatre chapitres, 4, 5, 6 et 17, elle est présentée comme une « femme biche ». C'est une femme d'une beauté universelle qui de ce fait séduit à son insu tous les hommes. Blonde, grande, svelte, des yeux de biche : tout chez elle aspire à la douceur et à la pureté. C'est une réfugiée qui se déplace sans cesse dans les lignes. Elle vit une histoire d'amour avec Farfadet, mais qui se termine horriblement : la guerre ayant transformé la belle Eudoxie en un cadavre pourri. La guerre détruit l'amour et impose la suprématie de la mort.

Éternel combat entre Eros et Thanatos, symbolisé au chapitre 17 par l'étreinte macabre de Lamuse et du cadavre d'Eudoxie. Lamuse, amoureux éconduit d'Eudoxie, voit son fantasme se réaliser, quand, creusant la terre, il ne peut se débarrasser du cadavre de cette dernière : « Elle voulait m'embrasser, je n'voulais pas, c'étai' affreux ». La guerre détruit toute forme d'érotisme et impose la suprématie de Thanatos sur Eros.

 

 

9. Les autres femmes 

 

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10. Les gens de l'arrière, un second pays 

 

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II.La guerre de FEU

 

1. Barbusse, anti-militariste ?

 

Lorsque la guerre de 1914 est déclarée, Barbusse a près de 40 ans, une notoriété artistique célèbre et des positions politiques pacifistes. Malgré cela il demande à s'engager dans l'infanterie, mais atteint de dysenterie, il est réformé en 1917.

On peut lire Le feu comme une charge antimilitariste qui exalte la solidarité entre les soldats mais dénonce la guerre comme une horreur et une absurdité. L'ouvrage reçoit un accueil controversé : d'un côté le texte s'inscrit en faux contre le patriotisme ambiant et est à ce titre mal perçu à l'arrière, mais de l'autre il suscite l'enthousiasme des soldats, qui y voient la première peinture réaliste de la situation qu'ils vivent. Barbusse est surnommé le Zola des tranchées pour ses tableaux très sombres et détaillés de l'horreur guerrière.

Le roman de Barbusse peut être rattaché à ce qu'on appelle la littérature immédiate. D'une part le texte s'inscrit délibérément dans une logique contemporaine et réaliste et décrit pendant la guerre des conflits dont personne ne sait encore l'issue. D'autre part Barbusse développe une écriture de l'instant et une focalisation très subjective, qui permet au lecteur de suivre au plus près le quotidien de soldats qui ne savent jamais de quoi l'instant est fait.

 

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2. Le cycle infernal de la guerre

 

Le récit de Barbusse s'organise de façon circulaire : le dernier chapitre « L'aube » reprend le premier, « La vision », lors de la répétition de la phrase : « deux armées qui se battent c'est comme une grande armée qui se suicide », et les deux chapitres font allusion à un bouleversement semblable à celui de la Révolution française

Mais les hommes jetés dans la guerre apparaissent dans le premier et dans le dernier chapitre comme porteurs d'espoir.

Au sein de cette structure circulaire qui semble circonscrire la guerre comme une expérience radicale, le roman refuse le procès classique du récit et évite tout schéma narratif. Il se déploie plutôt comme une composition symphonique où s'entremêlent des motifs récurrents.

 

 

3. La guerre, c'est-à-dire nulle part 

 

Le théâtre des opérations, qui se situe dans la région du Pas-de-Calais, fait référence au front ouest et à la bataille de Carency du 9 mai 1945.

Les cantonnements successifs à Gauchin L'Abbé, Ablain-Saint-Nazaire, les deux chapitres consacrés à Souchez ("Le Portique") et Argoval (chapitre 10) montrent des déplacements très limités de l'escouade entre des communes limitrophes. L'épopée du Feu, avec sa violence et ses souffrances, se déploie sur un espace très étroit : celui des collines de l'Artois entre Arras, Lens et Béthune : encore aujourd'hui, Carency est un arrondissement d'Arras et relève du canton de Vigny. Cette unité spatiale de l'œuvre extrêmement resserrée accentue la dimension tragique du récit : les 24 chapitres avec leur poids de morts et d'horreur en tirent une densité particulière. Cette condensation de l'espace isole les soldats dans leur contexte et les montre englués dans une situation figée.

Cet effet produit par la restriction de l'espace se trouve renforcé par le choix de l'achronie, l’absence de temps.

 

4. Un temps absolu

 

Barbusse refuse tout déroulement chronologique, et se faisant il abolit le temps. Les indices temporels qu'il fournit sont indicatifs de durée, durée de la guerre : « quinze mois, cinq cent jours, en ce lieu du monde où nous sommes, le bombardement et la fusillade ne se sont pas arrêtés du matin au soir et du soir au matin ».

Quelques indications laissent entrevoir le déroulement des saisons : beauté de l'automne, annonce du printemps, la neige de l'hiver, etc. Mais les indications temporelles sont rares et floues : « il fait bleu foncé », « il doit être cinq heures du matin », et imprécises. Ce choix de l'achronie restitue le caractère chaotique du vécu des soldats.

 

 

5. L'envers de la création du monde : le retour au chaos

 

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6. L'apocalypse 

 

Dans son atrocité, la guerre bafoue toutes les valeurs. Biquet rassurait sa mère en disant qu'il n'était « plus, dans la tempête et le froid, qu'un peu de cendre mouillée ». La référence à l'Apocalypse est rappelée par des images saisissantes : la route tant de fois empruntée dans la nuit apparaît comme fantastique : « elle semble un passage maudit, sans couleur, écorchée et vieille, sinistre et grandiose. »

Les hommes se sentent engagés dans un processus infernal. Le bombardement devient un bruit diabolique qui nous entoure, une tempête de battements rauques et sourds, de clameurs furibonds, de cris perçants de bêtes, il confronte les hommes à un « cycle immense d'incendies qui paraissent et disparaissent, dans ce paysage de sabbat ». Un anonyme y voit la marque du diable et s'écrit : « on est maudits ». Au-dessus d'eux, la mort semble ricaner dans « cette débâcle d'ordures et de chairs où sont semées des profusions d'images religieuses ».

 

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