19 Novembre 2013 | Romain Proton | 1 commentaires
Les cerfs-volants, le papier, les explosifs, la boussole – tout cela a été inventé en Chine. Mais après plusieurs millénaires d'avance sur notre civilisation, la brillance technologique et les capacités d'innovation chinoises se sont affaiblies.
La problématique est devenue une véritable question de fierté nationale, avec la mise en place d'un plan gouvernemental pour favoriser la place de la Chine en tant que « nation innovante » d'ici 2020, et « une puissance scientifique et technologique mondiale » d'ici 2050.
Ce plan d'attaque à long terme se traduit entre autres par des subventions des collectivités locales aux entreprises qui génèrent de nombreux brevets et une fiscalité avantageuse pour amortir le coût des brevets. Pour les dirigeants d'entreprises d’État, atteindre le quota de brevets fixé par l’État chinois est essentiel.
Les inventeurs chinois produisent déjà des brevets à échelle internationale, et même beaucoup d'entre eux. En 2010, la Chine en détenait plus de 3000, d'après l'étude des économistes Lee Branstetter, Guangwei Li et Francsico Veloso, soit trois fois plus en à peine quatre ans.
Si l'on considère que les détentions de brevets sont un indicateur de l'activité innovante d'un pays, la Chine est bien en voie de devenir une « puissance technologique ».
Cependant, il y a un hic. De manière générale, ce ne sont pas les entreprises chinoises qui bénéficient de cette situation.
« Notre étude suggère que l'augmentation des brevets américains en Chine est en grande partie imputable à des entreprises multinationales étrangères, qui dépendent énormément des collaborations avec les inventeurs locaux. », explique l'auteur du rapport.
Ces collaborations sont particulièrement fructueuses, comme le montre le tableau ci-dessous :
« La montée internationale des co-inventions », Branstetter et al
Cette montée des co-inventions peut s'expliquer par l'implantation de dirigeants étrangers dans les services de Recherche&Développent en Chine. Privilégier les cadres étrangers au profil des locaux s'explique par l'expérience internationale de ses profils européens ou américains qui profitent de leur expérience des meilleurs pratiques des multinationales.
Ceci dit, les craintes que l'innovation chinoise menace la suprématie technologique américaine ne sont pas justifiées. Du côté chinois, ce n'est pas forcément une mauvaise chose. La Chine bénéficie ainsi d'investissements, tout en améliorant le savoir-faire des locaux.
Le plus important pour l'avenir technologique chinois est de tirer le meilleur parti de ce savoir-faire. Les divisions de R&D des multinationales sont de plus en plus sophistiquées, ce qui peut aussi favoriser la productivité des employés chinois.
Enfin, l'étude n'a révélé aucune différence de qualité entre les inventions conçues par une multinationale en Chine et celles réalisées dans le pays d'origine. Or lorsque les multinationales peuvent innover à moindre coût, il est plus aisé de vendre des produits compétitifs en Chine et dans d'autres pays émergeant.
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